Ebook L'âge d'or - tome 1 - L'âge d'or T1/2
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L'âge d'or - tome 1 - L'âge d'or T1/2
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Détails sur le produit
Album: 232 pages
Editeur : Dupuis (7 septembre 2018)
Collection : L'âge d'or
Langue : Français
ISBN-13: 979-1034730353
ASIN: B07B5WBB5J
Dimensions du produit:
23,7 x 2,8 x 31 cm
Moyenne des commentaires client :
4.3 étoiles sur 5
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Cadeau
Magnifique ouvrage. Envoi impeccable !
Ce tome est le premier d'un diptyque qui forme une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition date de 2018. L'histoire a été coécrite par Cyril Pedrosa & Roxanne Moreil et mise en images par Pedrosa. Il s'agit d'une bande dessinée en couleurs comprenant 224 planches.Dans le bois d'Armand, des nobles avec leurs serviteurs se livrent à une chasse à courre, les chiens pourchassant le gibier. Un peu à l'écart de la progression de la meute, trois gueux discutent : Poudevigne (le gros), Languille (le grand maigre), Petit Paul le bossu. Ils évoquent ce qui est arrivé au père Mathurin qui avait récupéré le cadavre encore frais d'une biche dans un fossé. Il l'avait faite préparer par sa femme, mais Ancelin, l'intendant du château, était arrivé alors qu'ils s'apprêtaient à la manger. Ils estiment qu'il n'est pas juste qu'ils ne puissent pas eux aussi manger des parties nobles du gibier. Ils entendent le cor du seigneur d'Alancelle et en déduise que la bête a été mise à mort et qu'ils pourront avoir un peu de tripailles. Ils pensent qu'ils pourraient jouir d'une vie plus douce dans le royaume de la Péninsule. Leur discussion est interrompue par un noble, accompagné de son épouse et de son équipage, qui leur demande comment rejoindre la roue d'Antrevers. Les gueux leur répondent, mais Petit Paul ayant des propos malheureux, la récompense pour cette information leur échappe.Tous les seigneurs dont la santé le leur permet sont venus au château du roi, pour assister à ses funérailles, et participer à la cérémonie d'intronisation de son successeur. Dans la grande salle, Tankred de Malefort accompagné de l'écuyer Bertil croise Loys de Vaudémont qui le toise avec mépris, et l'asticote pour ses bons sentiments. Dans la salle du pouvoir, Tilda (la princesse) reçoit un seigneur pour régler une affaire d'impôts. Elle ne cache pas son mépris pour cet individu grassouillet, même si sa mère lui fait observer qu'elle n'est pas encore reine. Dans ses appartements, le petit frère de Tilda reçoit des pages qui lui enjoignent de revêtir ses habits de deuil. En se rendant dans ses appartements, Tilda fait un malaise sur le seuil. Elle tombe dans les bras de Tankred. Une fois remise, elle évoque avec lui sa montée sur le trône et le fait qu'elle va recevoir en héritage un royaume en souffrance. Le lendemain elle se rend seul devant la dépouille du roi avant la cérémonie, mais elle est arrêtée par les soldats car le seigneur Loys Vaudémont réalise un coup d'état, en installant le jeune prince sur le trône, avec l'appui de la reine mère. Tilda est condamnée à l'exil sur l'île de Malefosse.Cyril Pedrosa a acquis sa renommée avec des bandes dessinées intimistes comme Portugal (2011) et Équinoxe (2015). Le lecteur ne s'attend donc pas à ce qu'il réalise un récit de chevalerie dans un moyen-âge de pacotille, sans velléité de reconstitution historique. Dans des interviews, Roxanne Moreil et lui ont déclaré qu'ils souhaitaient raconter une véritable épopée ce qui justifie la pagination abondante, ce tome n'étant que le premier d'un diptyque. Le lecteur découvre effectivement une histoire de succession au sein d'un royaume étendu. Il y a une princesse qui est l'héritière naturelle du trône. D'un côté, c'est l'enfant la plus âgée du roi ; de l'autre côté, la coscénariste souhaitait qu'il y ait des personnages féminins forts. Il croise une princesse, un prince, une reine mère, plusieurs seigneurs régnant sur leur fief, des soldats, des gueux. Il est question d'impôts, de famine, de serfs, de guerre. Les tenues des personnages évoquent une sorte de bas moyen-âge, que ce soit les tenues civiles ou les tenues militaires. L'architecture des constructions (châteaux, maisons, cabanes) reste assez vague, avec une influence hispanisante par endroit.L'intrigue repose sur une quête claire : Tilda veut retrouver le trésor indiqué par son père. Elle dispose d'une lettre d'un de ses vassaux indiquant qu'il détient une information relative au trésor, dans son fief de la Péninsule. Contrainte et forcée par le coup d'état ayant placé son frère sur le trône, elle se met en marche, secondée par 2 fidèles compagnons : un chevalier ayant été au service de son père, et son écuyer ayant joué enfant avec elle. Comme dans toute quête qui se respecte, il y a des obstacles sur la route, et des épreuves à passer. La particularité réside dans le fait que Tilda n'est pas au meilleur de sa forme, blessée dans sa fuite, et sujette à des visions qui altèrent sa perception et la font défaillir régulièrement. Du coup, les épreuves prennent des formes qui sortent de l'ordinaire : ce n'est pas une épreuve physique (même s'il y a des affrontements à l'épée), ni des épreuves d'intelligence (même si les personnages sont amenés à réfléchir). Les épreuves que doit surmonter Tilda sont d'un autre ordre : elle doit se confronter à des communautés au mode de fonctionnement plus ou moins éloigné de celui du domaine de son père, ainsi qu'à ses visions qui semblent annoncer un futur belliqueux et sanglant.Dès la couverture, le lecteur se rend compte que la narration visuelle va aussi s'avérer inhabituelle. Il regarde des personnages aux morphologies exagérées, que ce soit la silhouette longiligne de Tilda, la carrure extraordinaire de Tankred, la difformité de Petit Paul, la silhouette décharnée du seigneur Albaret. Quand il observe les visages, il voit des traits simplifiés et des expressions un peu exagérées, que ce soit l'air idiot du bossu, ou les yeux ronds de Bertil. L'artiste peut également exagérer d'autres parties du corps, comme la longueur du nez de Tankred, ou le double menton de Jeanine, la servante du seigneur Albaret. Ainsi le lecteur a parfois l'impression de regarder des personnages de dessin animé pour la jeunesse, avec une influence de l'esthétique des princesses Disney comme la belle au bois dormant. Dans le même temps, il apprécie l'expressivité des visages et se rend compte de l'étendue de la gamme des états d'esprit qu'ils reflètent, et des émotions qu'ils montrent. Le lecteur ne s'attend pas forcément à lire un mépris distancié aussi convaincant sur le visage Loys de Vaudémont, ou une assurance tranquille sur le visage de Tankred de Malefort, ou encore une telle souffrance sur celui de Tilda reflétant de terribles tourments intérieurs.Le lecteur est encore plus surpris par la mise en couleurs qui peut être intensément flamboyante (pour la chasse à courre), ou étonnamment expressionniste (pour la progression de Tilda sous les eaux). Dans la vidéo promotionnelle de l'ouvrage, le lecteur découvre que Cyril Pedrosa a réalisé ses planches de manière traditionnelle, en détourant les formes par des traits encrés, et en appliquant des aplats de noir. La suite sort de l'ordinaire puisqu'il a numérisé toutes ses planches, et appliqué les aplats de couleurs à l'infographie, en inversant le contraste pour certaines planches, les aplats de noir devenant alors une surface avec une couleur. Le lecteur plonge dans ce qui lui semble être un tourbillon de couleurs souvent pastel, rarement naturalistes. Il est également déstabilisé par le fait que les traits de contours ne sont presque jamais noirs, et souvent de différentes couleurs au sein d'une même case. L'artiste a su ainsi créer une apparence à nulle autre pareille, totalement originale pour une bande dessinée. Cette approche chromatique génère une sensation de lecture à la fois riche et troublante. Le lecteur se retrouve sans cesse à ajuster son état d'esprit, passant d'une scène rouge et orange (la chasse à courre) avec une impression d'incendie, à une scène violette et taupe dans le château (pour une sensation feutrée et vaguement féminine), puis à une séquence très rose dans la chambre de Tilda (alors que son comportement n'est pas celui d'une petite fille féminine). Au fil des séquences, le lecteur éprouve des sensations étranges, suivant que la mise en couleurs est en adéquation avec les couleurs naturelles (vert foncé et bleu foncé dans une clairière la nuit), ou en sans rapport évident (un violet sombre pour des rochers en montagne).Il faut donc un temps d'adaptation au lecteur pour qu'il se rende compte que derrière ces apparences à l'esthétisme très marqué et très personnel, Cyril Pedrosa réalise des dessins descriptifs avec un fort niveau de détails. Le lecteur peut ainsi prendre le temps de regarder l'ameublement des différentes pièces du château du défunt roi, le détail des bâtiments du domaine d'Abigaëlle, ainsi que son potager, les ouvrages entassés dans la bibliothèque, les ornements du carrosse du jeune roi et de la reine mère, l'architecture de la demeure du seigneur Albaret, ou encore les étonnantes ruines qui abritent le trésor. En découvrant la première scène le lecteur se rend également compte que l'artiste a composé une suite de 3 dessins en double page qui en fait n'en forment qu'un seul sur 6 pages. Il représente un décor en toile de fond sur lequel se déplace les personnages, sans délimitation de case. Sur un unique décor, il représente donc à plusieurs reprises (endroits) les mêmes personnages en train de progresser. Il a indiqué s'être inspiré des peintures de Pieter Brueghel l'Ancien (1525-1569), et en particulier de son tableau Chasseurs dans la neige (1565). En outre la pagination lui permet de développer des scènes à sa guise.Le lecteur s'immerge donc un conte à la forme baroque, aux côtés de personnages complexes dépassant le clivage bien /mal. En effet, dans la scène introductive de la chasse à courre, la discussion entre les 3 compères comprend une dimension politique affirmée, soulignant que les gueux n'ont droit au mieux qu'aux restes de la classe dirigeante, et encore si les représentants de cette dernière sont dans un bon état d'esprit. La scène suivante avec l'aéropage du seigneur et de sa dame vient enfoncer le clou. La scène mettant face à face Tilda et un seigneur repu explicite la charge que font peser les impôts sur le peuple. La notion de classe fait surface à de nombreuses reprises, faisant apparaître les privilèges des nobles, mais aussi une barrière infranchissable quand Tilda (personne royale) remet à sa place Bertil (simple manant), un moment d'autant plus cruel qu'il n'y a pas d'intention méchante. Petit à petit, l'existence d'un texte décrivant un âge d'or fait progresser l'idée que cette société de classe n'est pas un ordre naturel et qu'il est possible d'imaginer une autre organisation qui a déjà existé par le passé. Il se produit alors un effet des plus déconcertants concernant le personnage de Tilda. Au début du récit, il ne fait nul doute qu'elle en est l'héroïne au sens romanesque du terme. Mais elle incarne aussi une forme de société inégalitaire et oppressive. Il apparaît que le précédent roi est tombé malade juste après avoir été mis en contact avec ce précieux trésor lié à l'âge d'or, comme s'il n'avait pas pu supporter la remise en question de la société de puissants et de serfs, comme s'il avait été contaminé par un virus, celui d'un ordre social plus juste et équitable.Le portrait de Tilda devient de plus en plus ambigu au fur et à mesure du récit. Elle incarne la domination des nobles sur le peuple, et aussi le principe que sa naissance lui donne le droit de vie et de mort sur ses sujets. Dans le même temps, Tilda ne souhaite qu'améliorer la condition de son peuple, éradiquer la famine, lever des impôts plus justes, ramener une autre forme d'âge d'or. Son corps porte même les stigmates physiques de sa souffrance psychique. Mais c'est au lecteur de se demander si cette souffrance est générée par les épreuves à surmonter pour arriver au trésor qui lui permettra d'entamer la reconquête du trône, ou par l'intuition qu'elle va se retrouver face à un changement de paradigme, par l'incompatibilité entre la royauté et le bonheur de tous. S'il y prête attention, le lecteur constate que le seigneur Albaret porte lui aussi un stigmate révélateur : il est aveugle. Il a régné comme un seigneur éclairé et bienveillant, mais il est resté aveugle aux injustices consubstantielles d'un gouvernement de type royauté.Cette première moitié de l'âge d'or propose un voyage sortant de l'ordinaire, un conte à la forme à la fois classique et inhabituelle. La mise en images impressionne par son foisonnement, par ses couleurs surprenantes, par sa forme aventureuse, et par sa rigueur et sa précision, ainsi que par les détails concrets. Il s'agit bel et bien d'un conte se déroulant dans un moyen-âge imaginaire, mettant en scène une princesse, son preux chevalier et son écuyer. Il s'agit bien d'un conte avec un deuxième niveau de lecture relatif à la forme d'une société. Dans le même temps, il n'y a pas de héros, même s'il y a des personnages au cœur pur. Il n'y a pas de hauts faits mettant en avant la valeur et le courage de l'héroïne, mais des épreuves plus complexes et moins directes. Roxanne Moreil & Cyril Pedrosa ont réalisé une histoire captivante et envoûtante, au charme esthétique original.
Au départ, j'ai eu un peu de mal à entrer dans la narration et à me laisser séduire. Les couleurs orangées, les planches chargées, une clé d'entrée un peu rebutante, des dessins un peu particuliers... Puis, en s'accrochant avec volonté (testeur oblige), j'ai fini par adhérer, et même par me laisser captiver.Il vaut donc la peine d'être patient pendant quelques dizaines de pages au début, pour se trouver ensuite plongé dans une histoire assez passionnante, qui change un peu de l'univers contemporain tout en y retrouvant des intrigues relativement intemporelles, mettant en jeu des rivalités de pouvoir, des complots et trahisons, mettant en jeu l'intérêt parfois opposé de certains gouvernants et du peuple qui aspire à moins d'impôts et plus de liberté.Ici, l'heure est à la révolte. Les récoltes sont mauvaises (comme cela est très souvent arrivé au cours de notre histoire). Le peuple souffre donc de disette et de misère. Or, c'est dans ce contexte que le roi meure, laissant la succession à sa fille, désireuse de se lancer dans des réformes qui s'imposent, dont l'esprit consiste à desserrer l'étau qui écrase le peuple et l'empêche de pouvoir vivre décemment.Aussitôt chassée du pouvoir par une coalition d'intérêts qui visent à alourdir la charge des impôts pour tenter de surmonter la crise (remède pire que le mal, comme bien souvent), elle s'enfuie en compagnie de son plus fidèle chevalier, le sage Tankred de Malefort et son plus proche conseiller et ami Bertil.De multiples péripéties vont s'en suivre, conduites par une sorte de vision mystique (un peu à la Jeanne d'Arc), servies par des illustrations artistiques et envoûtantes (celles-là même qui me posaient un peu difficulté au départ) et des alternances de jeux de couleurs en partie monochromes.Un récit, au final, suffisamment captivant pour que la magie opère, tant et si bien que l'on est surpris à la page 228 par la suspension de l'action, interrompue en pleine intrigue par un terrible "A suivre..." qui nous renvoie à un tome 2 dont il faudra avec patience attendre la sortie...
Pour qui est amateur de classicisme en ce qui concerne les bande-dessinées, ce tome 1 de « L’Age d’or » devrait surprendre voire déplaire. Du moins de prime abord. On est ici bien loin des dessins léchés de Morris, Uderzo ou pour les plus contemporains de Zep. Et les premières pages m’ont laissé dubitatif avec un dessin fouilli, mélangeant parfois plusieurs dimensions visuelles sur une même planche, et une narration laissant le lecteur parfois un peu perdu au milieu de pages avec très peu d’actions ou de dialogues.Et puis, j’ai un peu insisté. Et assez rapidement, on finit par tomber sous le charme des aventures de la princesse et de ses compagnons d’infortunes, avec en arrière-fond une forme de grogne social intéressante et une lutte pour le pouvoir qui permet quelques relents avec notre société et ses enjeux actuels. Tout ce qui gênait au départ devient finalement une force du livre et les graphismes prennent subitement tout leur intérêt, créant un monde réel baignant dans l’irréalité.Il est assez difficile d’exprimer clairement ce qui fait la force de cet ouvrage. Car isolés, les dessins, la narration, l’histoire, la longueur, rien ne rentrait dans ce que j'aime dans le monde de la bande-dessinée. Mais savamment assemblés, ils forment un tout d’une densité exceptionnelle. Et tel un roman passionnant, une fois accroché, on ne lâche plus la lecture jusqu’à la dernière page. Une vraie belle découverte en somme, pour peu qu’on accepte de rentrer dans le monde des auteurs en ayant la patience de subir les premières pages initiatiques...
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